CHAPITRE 1: Quelle liberté face aux influences ?
I) Le déterminisme de la conscience (Spinoza)
Point de départ : analyse d'un texte court.
Méthode : découper le texte en 2, 3 ou 4 unités de sens qui contiennent une logique argumentative.
1. ligne 1 à 4 ("...causes externes."): analyse des déterminations du mouvement d'une pierre (exemple particulier)
2. ligne 4 à 7 ("...déterminée"): généralisation du déterminisme physique à tout objet présent dans le monde.
3. ligne 8 à 10 ("...elle le désire"): reprise de l'exemple de la pierre en émettant l'hypothèse d'une conscience et en jugeant des conséquences.
4. ligne 11 à fin: élargissement du déterminisme psychologique à tout sujet présent dans le monde.
Méthode : toujours penser à questionner l'auteur sur la finalité de ses stratégies argumentatives.
Ex :
1) Question: pourquoi prendre l'exemple d'une pierre ?
Prendre un exemple concret est un principe de pédagogie (passer du simple au complexe) et une stratégie argumentative qui vise à emporter l'adhésion du lecteur dès le début du texte.
Idée de cette première partie :
Chaque mouvement est déterminé, c'est-à-dire l'effet de causes nécessaires.
C'est le principe du déterminisme tel que Laplace (physicien) l'a énoncé : Il ne peut exister un mouvement dans le monde qui ne soit l'effet nécessaire de causes.
Ex de la pierre : si elle est en mouvement, c'est qu'elle a reçu une impulsion (quelque chose qui l'a mis en mouvement : disons que "x" lance la pierre)
Conséquence : la trajectoire de la pierre est entièrement déterminée:
- par la force de l'impulsion initiale
- par la direction du jet
- par les frottements qui la ralentissent
- par la gravité, etc.
Conséquence 2 : (principe d'inertie) : en l'absence de frottements ou d'impulsions contraires, la pierrer continuerait de se mouvoir dans la même direction infiniment.
Attention : nécessité et contraintes ne sont pas =
Une contrainte est alors l’extériorité de la cause par rapport au mouvement (sa cause externe).
Si la pierre était la cause volontaire de son mouvement, elle serait libre.
La cause de son mouvement étant externe, elle n'est pas libre de son mouvement.
2) Généralisation du cas de la pierre
Selon la thèse du déterminisme, tout objet existant dans le monde obéit nécessairement aux lois qui structurent le monde. Ces lois étant externes au sujet, son mouvement est donc contraint.
Attention : il existe deux types de mouvements d'après Spinoza : l'existence et l'action.
Je ne suis pas cause de mon existence : je ne suis pas libre de naitre ou non.
Question : ne peut-on pas dire que l'on est cause de son action, quand on veut la faire volontairement?
--> Ne peut-on pas dire que la volonté est la cause de mouvements corporels ?
Réponse anticipée : Selon Spinoza, il n'y a aucune volonté autonome (puisqu'il dit que tout mouvement du monde est l'effet de causes externes).
3) Hypoyhèse pour tester cette affirmation : donnons une conscience à la pierre et observons le domaine que pourrait éclairer cette conscience
La conscience n'éclaire souvent que l'action (c'est-à-dire le mouvement) et non les causes de ce mouvement.
La pierre a conscience de son mouvement, et non de l'impulsion : elle s'imagine qu'elle est cause de son mouvement, et que c'est elle qui fait l'effort pour se mouvoir.
= ILLUSION : confusion entre le fait que l'on perçoive son mouvement, et le fait que l'on pense en être à l'origine.
(ex : je veux acheter cet objet commercial : je suis conscient du mouvement de ma volonté, je pense que c'est moi qui l'ai instauré).
Mais question : la volonté n'est-elle pas un mouvement?
Si oui, alors ce mouvement est l'effet nécessaire de causes : je ne peux rien vouloir, si ma volonté n'a pas été provoquée par des causes (que j'ignore, bien souvent).
L'Homme, en tant qu'objet du monde, a alors l'illusion d'une autonomie (=je suis à l'origine de mon action) alors que tout mouvement (psychologique/physique) est hétéronome*.
*Hétéronome=effet de causes externes